Gichin Funakoshi |
Les combats Kumites |
Le Dojo |
Les positions|
Les techniques |
Le Kihon |
Le kata |
Les grades du karaté |
Les 10 règles du karatéka |
Les 20 préceptes
Les Préceptes du Karaté Dô
Ô Sensei Funakoshi, afin de laisser une trace écrite et de
guider les pratiquants dans leur quête d'une compréhension plus approfondie des
aspects spirituels de la voie du karaté-dô, rédigea au soir de sa vie ce traité.
Ces maximes succinctes qui s'inscrivent dans le cadre d'une tradition orale
étaient originellement destinées à être complétées par des explications du
Maître, dans son dôjô ou au hasard de cours particuliers que celui-ci dispensait
à ses disciples.
Les principes sont compacts, concis et tendent vers une nature
profondément philosophique. Cette même concision fait qu'ils sont sujets à des
multiples interprétations et ce même dans leur langue d'originelle: le japonais.
Certaines exégèses peuvent très bien altérer la signification originelle
souhaitée par le Maître. Les commentaires et interprétations sont de Genwa
Nakasone, contemporain et allié de poids de maître Funakoshi. C'est cette
position privilégiée aux côtés du Maître qui fit de lui l'une des personnes les
plus à même d'illustrer de commentaires les vingt préceptes.
- N'oubliez pas que le karaté commence et s'achève dans le
rei. Rei = "respect, courtoisie", mais ne pas le limiter à ces simples
définitions. Il signifie le respect que l'on éprouve à l'endroit des autres,
le rei est également la marque de l'estime que l'on a pour soi. Lorsqu'on
transfère cette estime que l'on a pour soi sur les autres - respect - on agit
conformément aux principes du rei.Les disciplines de combat qui font fi des
principes du rei ne sont que pure violence, la force physique dénuée de rei
n'est rien d'autre que brutalité, sans valeur pour l'être humain. Le rei est
la manifestation physique d'un cœur sincère, révérencieux et empli de respect.
- Il n'y a pas d'attaque dans le karaté. Dans le
karaté les mains et pieds sont potentiellement aussi mortels que la lame d'un
sabre c'est pourquoi dans la mesure du possible vous devez éviter de décocher
un coup mortel. . "Jamais il ne faut tirer son sabre sur un coup de tête", cet
enseignement fondamental était au cœur du bushido japonais. Ainsi "il n'y a
pas d'attaque dans le karaté" est une extension du ce principe de base selon
lequel il ne faut pas sortir son arme au moindre prétexte. Elle souligne la
nécessité absolue de faire montre de patiente et de pondération. Mais quand la
confrontation est inévitable le pratiquant doit se lancer corps et âme dans le
combat.
- Le karaté est au service de l'équité. L'équité est
ce qui sert le bien, la vertu, "quand je m'observe et que je constate que je
suis dans le vrai, alors, mes ennemis, fussent-ils un millier ou dix mille, ne
peuvent m'arrêter. Cela implique bien sur qu'il faut faire preuve
d'intelligence, de discernement et de force véritable.
- Apprends déjà à te connaître, puis connais les autres.
À force de pratique le karatéka connaît ses techniques favorites ainsi que ses
propres faiblesses, en combat il doit connaître ses propres points forts mais
aussi ceux de son adversaire.
- Le mental prime sur la technique. Voila une anecdote
qui illustrera cet aphorisme: « Un jour un célèbre maître de sabre Tsukahara
Bokuden voulut mettre ses fils à l'épreuve. Pour commencer, il fit appeler
Hikoshiro, l'aîné des trois. En ouvrant la porte du coude, celui-ci la trouva
plus lourde qu'à l'accoutumée et, en passant la main sur la tranche supérieure
de la porte, constata qu'on avait disposé, en équilibre, un lourd appui-tête
en bois. Il l'enleva, entra puis le remis exactement comme il avait trouvé.
Bokuden fit alors venir son fils cadet, Hikogoro. Quand celui-ci poussa la
porte, l'appui-tête tomba mais il le rattrapa en vol et le remit à sa place.
Bokuden fit enfin appeler Hikoroku, son benjamin le meilleur, et de loin, au
maniement du sabre. Le jeune homme poussa puissamment la porte et l'appui-tête
tomba, heurtant son chignon. En un éclair, il dégaina le sabre court qu'il
portait à la ceinture et trancha l'objet avant qu'il ne touchât le tatami. À
ses trois fils, Bokuden déclara: "c'est toi Hikoshiro qui transmettra notre
méthode de maniement du sabre. Toi, Hikogoro, en t'entraînant ardemment,
peut-être égaleras-tu, un jour, ton frère. Quand a toi, Hikoroku, tu conduiras
certainement un jour notre école à sa perte et attireras l'opprobre sur ton
patronyme. Je ne peux pas donc m'offrir le luxe de garder un individu aussi
imprudent dans mes rangs ». Sur ces vertes paroles il le désavoua. Cela
illustre parfaitement l'importance accrue des facultés mentales sur les
facultés techniques.
- L'esprit doit être libre. Meng Tsu évoque la quête
de l'esprit "perdu" pour mettre un terme à l'errance spirituelle. Lorsque
notre chien, notre chat ou nos poules se perdent nous remuons ciel et terre
pour les retrouver et les ramener à la maison, mais il déplore que lorsque
notre esprit(qui dirige notre corps) s'égare pour finir par se perdre
totalement, nous n'essayons même pas de le remettre sur le droit chemin. À
l'inverse, Shao Yung soutient que l'esprit a besoin de se perdre, si l'on
attache l'esprit tel un chat en laisse, il perdra sa liberté de mouvement.
Utilisez l'esprit a bon escient, laissez-le explorer à sa guise, ne le laissez
pas s'attacher ou s'enfermer dans un carcan. Les néophytes exercent souvent un
contrôle trop pesant sur leur mental, ils craignent de s'ouvrir au monde et de
laisser leur esprit courir librement. Au cours de l apprentissage il est
préférable de suivre les consignes édictées par Meng Tzu dans un premier
temps, pour, dans un second temps, libérer l'esprit préconisé par Shao Yung.
- Calamité est fille de non-vigilance. Combien
d'accidents sont imputables à la négligence, à l'étourderie, le moindre
relâchement de l'attention peut réduire à néant les efforts de préparation et
de recherche effectuées au préalable, si approfondis soient-ils. En combat une
"préparation bâclée" égal "désastre", pour ne pas arriver à de tels extrêmes
nous devrions constamment analyser nos actes et faire montre de beaucoup de
circonspection en matière de méthodologie.
- La pratique du karaté ne saurait se cantonner au seul
dôjô. L'objectif du karaté est de polir et nourrir à la fois le corps et
l'esprit, s'il commence au dôjô au cours de la pratique, ce travail, ne doit
pas s'interrompre en fin d'entraînement. Il faut pratiquer continuellement
dans tous les actes de la vie quotidienne. Une alimentation déséquilibrée, un
abus de boisson, des habitudes nuisibles à la santé en général auront des
répercussions certaines sur la pratique au dôjô. Ils fatigueront à la fois le
corps et l'esprit et détourneront l'adepte du dessein ultime de la pratique.
- Le karaté est la quête d'une vie entière. La Voie du
karaté est sans fin, c'est la raison pour laquelle un pratiquant sincère
pratiquera jusqu'à son dernier souffle. Dans Hagakure le seigneur Yagyu
déclarait qu'il ne savait pas comment défaire les autres mais qu'il savait
comment l'emporter sur lui-même: être meilleur aujourd'hui qu'hier et meilleur
demain qu'aujourd'hui; C'est-à-dire, travailler sans relâche et jusqu'au
dernier souffle pour sans cesse progresser. La Voie véritable est infinie.
- La Voie du karaté se retrouve en toute chose, et c'est
là le secret de sa beauté intrinsèque. Un coup, de poing ou de pied,
asséné ou encaissé, peut signifier vie ou mort. Telle est la doctrine au cœur
du karaté-dô. Si chaque domaine de la vie est abordé avec un tel sérieux,
épreuves et difficultés peuvent être dépassés. Si un pratiquant affronte
chaque difficulté en ayant le sentiment que sa vie entière est en jeu, il
réalisera l'étendue de ses propres ressources.
- Pareil a l'eau en ébullition, le karaté perd son ardeur
s'il n'est pas entretenu par une flamme. L'apprentissage par la pratique
revient à pousser une charrette vers le sommet d'une colline. Cessez de
pousser et tous vos efforts auront été vains. Proverbe japonais. L'intégration
d'une facette du karaté parmi d'autres, ou une pratique distendue, ne
sauraient suffire. Seule une pratique régulière et assidue récompensera votre
corps et esprit des fruits de la Voie.
- Ne soyez pas obsédé par la victoire; songez plutôt, à ne
pas perdre. Savoir uniquement comment décrocher la victoire sans savoir
comment perdre revient à se mettre soi-même en situation de défaite, ultimes
paroles du shogun Tokugawa. L'attitude mentale obsédée par la victoire nourrit
nécessairement un optimiste excessif qui, à son tour, nourrit impatience et
irritabilité. L'attitude la plus fine consiste, au contraire, à se résoudre
fermement à ne pas perdre - quel que soit l'adversaire - en prenant conscience
de nos propres forces et en faisant preuve de conviction inébranlable le tout
en adoptant une attitude conciliante dans la mesure du possible.
- Ajustez votre position en fonction de l'adversaire.
- L'issue d'un affrontement dépend de votre manière à
gérer les pleins et les vides (forces et faiblesses). Les préceptes treize
et quatorze évoquent l'attitude mentale à suivre en combat. Un combattant doit
pouvoir et savoir s'adapter à son adversaire, comme l'eau qui s'écoule
naturellement du haut vers le bas le combattant évite les points forts de
l'ennemi pour le frapper là où il est vulnérable. Il doit éviter toute action
stéréotypée, le maître mot de sa conduite doit être fluidité, souplesse,
adaptation, plutôt qu'inertie et constance.
- Considérez les mains et les pieds de l'adversaire comme
des lames tranchantes. Un pratiquant sincère de karaté-dô saura rendre ces
extrémités corporelles aussi dangereuses que des armes blanches, dans cette
optique même les mains et pieds d'un non-pratiquant peuvent s'avérer
dangereux. Un néophyte qui s'implique corps et âme dans une lutte pour la vie,
sans craindre ni blessure, ni trépas peut libérer une puissance considérable
et extraordinaire, et être capable de défaire n'importe quel débutant. Que
l'adversaire soit ou non, initié aux arts martiaux, ne doit en aucun cas nous
leurrer sur son potentiel.
- Faites un pas hors de chez vous et ce sont un million
d'ennemis qui vous guettent.
- Le kamæ, ou posture d'attente, est destiné aux
débutants; Avec l'expérience, on adopte le shizentai (posture naturelle).
- Recherchez la perfection en kata, le combat réel est une
autre affaire. Les katas sont la mœlle de l'entraînement du karaté-dô, il
convient de ne pas les dénaturer et de s'y entraîner conformément à
l'enseignement dispensé par le maître. Anko Itosu disait "Respectez la forme
des katas, ne cherchez pas à en travailler l'esthétique." En combat réel, il
ne faut pas s'embarrasser ou de se laisser entraver par les rituels propres
aux katas, le pratiquant doit dépasser le cadre imposé par ces formes et se
délacer librement en fonction des forces et faiblesses de l'adversaire.
- Sachez distinguer le dur du mou, la contraction de
l'extension du corps et sachez moduler la rapidité d'exécution de vos
techniques. Les combinaisons citées dans ce précepte s'appliquent aussi
bien en kata qu'en combat réel. Si l'on exécute les katas sans combiner la
possibilité de moduler l'intensité et le rythme des techniques ou l'alternance
extension/contraction, l'exercice perd toute sa valeur. L'alternance dur-mou,
extension-contraction, lenteur-célérité, inspiration-expiration est de
première importance en combat et peut déterminer l'issue d'un affrontement.
- Vous qui arpentez la Voie, ne laissez jamais votre
esprit s'égarer, soyez assidu et habile. Que l'on adopte un point de vue
spirituel ou technique le pratiquant ne doit jamais laisser son esprit
"s'égarer" et doit être "assidu et habile".